Etre thérapeute c’est quoi ?
Être thérapeute, un vrai grand questionnement personnel !
Cela fait de très longs mois que la réflexion autour du métier de thérapeute trotte à l’intérieur de moi…
Il y un an et demi, j’écrivais d’ailleurs dans un article « Qu’est-ce qu’être thérapeute sinon offrir sa présence avec toute son authenticité ? N’est-ce pas partager des cheminements, des prises de conscience, des questionnements avec l’élan du cœur ? ».
On constate qu’être thérapeute est en vogue. Depuis quelques années, on peut observer des thérapeutes qui fleurissent un peu partout.
Alors au milieu de mes questionnements, j’ai observé beaucoup de pratiques et de positionnements de certains accompagnants autour de moi m’interpeller, me bousculer, et ainsi, venir alimenter ma réflexion.
Cela m’a permis de mettre un peu plus de lumière sur certaines de mes ombres et de me dire « ok tu en es là, ok ça vient toucher ça chez toi, ok tu as ceci ou cela à travailler, à assouplir, à guérir… »
J’ai également passé beaucoup de temps en nature et ce questionnement intérieur « Mais c’est quoi être thérapeute finalement ? » est souvent revenu en fil conducteur lors de ces balades.
J’ai également beaucoup repensé aux retours, positifs et négatifs, qu’on pouvait me faire sur ma profondeur et la vulnérabilité que je m’autorise, les partages personnels que je peux faire…
Ce qui m’a amenée à observer qu’effectivement, je ne mettais pas réellement de frontière entre mon Être thérapeute et mon Être tout court.
Je me suis demandée si c’était une bonne chose.
J’ai questionné encore tout cela lors de mes séances de supervision…
Oui oui, je me suis VRAIMENT interrogée profondément !
Et puis la réponse a fini par s’imposer à moi.
J’en suis arrivée à la conclusion que je ne savais pas faire autrement.
Pas faire autrement qu’être thérapeute avec mon être tout entier.
J’ai réalisé que, depuis de longues années, je cheminais justement pour rassembler tous les morceaux fragmentés de mon Être. Tous ces morceaux éparpillés un peu partout dès mon plus jeune âge.
C’est précisément ce désir d’unification qui guide ma vie, autant intérieure qu’extérieure, depuis une dizaine d’années… Alors ce n’est pas pour me morceler en créant de nouveau de la séparation aujourd’hui !
Et plus j’avance sur mon chemin personnel et sur le nettoyage de tous mes schémas, mes blessures, mes conditionnements, mes peurs, mes blocages, mes amalgames, mes émotions bloquées, mes jugements et j’en passe… plus mon authenticité gagne en… authenticité ! Et moins je ne peux séparer les choses à l’intérieur de moi et donc dans ce que je propose et offre au monde.
Alors voici ma vision de ce que c’est qu’être thérapeute ou accompagnant.
C’est une définition très personnelle, qui bien sûr, ne fait absolument pas office de vérité.
Parce que finalement, il y a sans doute autant de définitions que de thérapeutes !
Ici c’est un simple témoignage, sans jugement.
Un partage d’expérience et de point de vue pour alimenter une réflexion. Une réflexion que je crois intéressante et nécessaire !
Donc pour moi…
Pour commencer, être thérapeute, ce n’est pas un métier mais une vocation… je crois même que c’est plus que cela et qu’il y a quelque chose qui nous dépasse dans cette vocation. Un peu comme si la vie avait choisi pour nous. Parce qu’honnêtement, on ne devient pas thérapeute par hasard. Généralement, on a traversé bien des tempêtes pour choisir cette voie…
Etymologiquement, « thérapeute » ça veut dire « au service de… », « qui pend soin de… ».
Alors, à travers mon filtre, être thérapeute c’est offrir toute la présence de son Être à l’autre, sans concession. Cela ne veut pas dire ne pas mettre de limite et tout accepter parce que cela serait contre-productif pour soi et pour l’autre. Mais c’est proposer une présence authentique.
« Je suis ça, j’en suis là avec mes ombres et mes lumières, et je te propose de cheminer et d’explorer ensemble ».
Cela veut dire que mon propre cheminement et mes propres ressentis intérieurs peuvent aussi devenir un éclairage pour toi… ou pas ! En tous cas, je te partage mon intériorité.
D’ailleurs, pour moi, être thérapeute, c’est aussi avoir fait une vraie exploration intérieure approfondie. Au-delà de la richesse et de l’expérience que cela apporte pour ses futurs accompagnements, cela permet de faire de la place pour accueillir l’autre sans jugement, avec le moins de projections possible.
Parce qu’être thérapeute, c’est être conscient des transferts et des contre-transferts qui se jouent dans la relation. Pour éviter de faire des injonctions tacites à l’autre.
Pour justement lui laisser toute la place d’être ce qu’il est et ce qu’il veut être pendant les séances.
Lui laisser toute la place d’évoluer vers un champ des possibles infini, sans l’enfermer dans un carcan conscient ou inconscient.
Et il se trouve, qu’au plus je chemine moi-même, au plus j’explore, je ressens et je dissous les blocages à l’intérieur de moi, au plus je sens que mes accompagnements évoluent.
En réalité, à chaque fois que je crée de l’espace supplémentaire en moi, je crée de l’espace supplémentaire pour l’autre.
A chaque fois que je m’autorise quelque chose, j’autorise un peu plus l’autre.
Ce n’est pas quelque chose qui est verbalisé.
C’est juste là.
Dans le champ d’énergie dans lequel on baigne.
Moi, qui pendant longtemps, me suis sentie comme un imposteur et illégitime, je réalise de plus en plus que, finalement, c’est mon cheminement et mon évolution personnelle qui me fait me sentir chaque jour un peu plus légitime. Bien plus que l’acquisition d’un outil ou d’une technique !
Être thérapeute, c’est donc être en mesure de savoir où je suis et où est l’autre.
Ça veut dire que c’est aussi être connecté à tous ses sens.
Pour améliorer un peu plus sa présence à l’autre et sa réceptivité à ce qui est présent à cet instant.
Amplifier sa capacité de perception, de ressentis, de sensation, d’intuition… Pour encore mieux accompagner le mouvement.
Être thérapeute, c’est aussi être empathique, c’est-à-dire être capable de se mettre à la place de l’autre et de percevoir ce qu’il ressent. On croit souvent, à tort, qu’être empathique, c’est souffrir avec l’autre. Mais non, être empathique, c’est ressentir la souffrance de l’autre, être compatissant et bienveillant face à cette souffrance mais ne pas se laisser embarquer avec elle. Pour être en capacité d’accompagner le mouvement avec le plus de justesse possible.
Définitivement une vision et une approche très personnelle !
Alors effectivement, je ne sépare pas qui je suis en tant qu’être humain et en tant que thérapeute.
Je ne suis pas deux personnes distinctes mais bel et bien une seule et unique personne.
Parce qu’être thérapeute, ça ne s’arrête pas à la porte du cabinet, ni même dans mes accompagnements professionnels.
Parce qu’être thérapeute, c’est partout… Ça n’a pas de frontière !
Personnellement, ce qui m’intéresse, ma vocation, c’est d’aider chaque personne qui le désire, à se découvrir, à s’observer, à se comprendre, à mieux se connaître… pour pouvoir évoluer, transformer, transcender, sublimer…
J’aime guider chacun dans sa propre exploration en intégrant pleinement toutes les parties de son Être… pour cheminer vers sa propre authenticité et unification !
Et puis pour finir, être thérapeute c’est également apprendre et recevoir des enseignements tous les jours.
Parce que les personnes que j’accompagne sont aussi mes plus grands maîtres !
Déjà, parce qu’elles sont un miroir qui renvoie des choses très fines et très précises si je sais bien y regarder.
Mais aussi parce qu’elles sont incroyables !
Sans le savoir, parfois elles me donnent de la force, souvent elles m’inspirent…
Avec authenticité,
Pauline