Un chemin de guérison
En ce moment le traumatisme est au cœur de mon quotidien.
A titre personnel je suis amenée à regarder de lourds traumatismes que ma mémoire avait enfouis pour me protéger (si si je vous assure que notre cerveau peut enfouir des tas de choses pour notre survie !)
A titre professionnel je viens de vivre un magnifique sommet sur le trauma, l’attachement et la résilience.
Si vous ne connaissez pas encore l’attachement, je vous invite d’ailleurs à vous y intéresser car c’est une théorie passionnante et tellement importante pour notre développement… et pourtant encore trop méconnue !
J’essayerai de vous faire un prochain article sur ce sujet.
Mais aujourd’hui c’est l’occasion pour moi de vous faire un article sur le traumatisme.
J’ai souvent pour habitude de faire des articles assez personnels. Pour mon sujet d’aujourd’hui, j’ai envie de mêler réflexions personnelles et explications plus théoriques.
Dans sa définition la plus globale, le traumatisme est une blessure. On pense souvent instinctivement à sa dimension physique (cassures, lésions…).
En psychologie, le traumatisme désigne l’impact psychique et physiologique d’un événement qui a marqué douloureusement l’existence d’une personne. Cet événement peut être de nature variée, allant d’un déménagement à une guerre en passant par un deuil, une séparation ou une épidémie.
On distingue 2 types de traumas :
Il faut savoir qu’en réalité le traumatisme est une expérience et non un événement. C’est ce qui se passe en nous à la suite de ce qui nous arrive, notre réponse à l’événement, qui est considéré comme traumatique et non l’événement lui-même.
Ce qui explique que 2 personnes exposées au même événement ne réagiront pas de la même façon et que l’une d’entre elle sera traumatisée alors que l’autre non.
Une autre chose importante à savoir sur le traumatisme, c’est qu’il a des effets concrets sur le cerveau et plus particulièrement sur notre système nerveux autonome. Il n’est donc pas uniquement émotionnel mais aussi neurologique.
Notre système nerveux autonome est un peu notre système de détection intégré qui scrute constamment notre environnement à la recherche de signaux de sécurité ou de danger. Il a 3 réponses générales :
Quand le système nerveux fonctionne bien, il est flexible et passe avec fluidité d’un état à l’autre afin de nous aider à gérer les états de stress et les événements négatifs. Mais le traumatisme peut empêcher le système nerveux de fonctionner de manière saine et régulée.
La neuroception est un terme inventé par Stephen Porges pour désigner la capacité à évaluer une sécurité ou un danger relatif autour de soi de manière automatique : notre système nerveux détermine s’il peut aller vers ou éviter une situation, une personne, un objet…
Or le trauma entraine une hypersensibilité du système nerveux qui devient défectueux et reste bloqué en mode survie. Il ne peut plus faire la différence entre notre passé dangereux et notre présent sûr et signale alors un danger même lorsqu’on est en sécurité. Tout peut alors devenir effrayant ou menaçant (une rencontre amicale, une réunion de travail…).
Et tout ça de manière inconsciente et indépendamment de notre volonté bien sûr… Parce que ça serait un peu trop facile si on pouvait choisir ! C’est donc notre système nerveux qui, en fonction de ce qu’il pense le mieux pour notre survie, fait ce choix pour nous.
On développe alors généralement des stratégies de survie pour tenter de réguler la situation et d’apporter un soulagement temporaire, à travers les médicaments, l’alcool, le sexe, la nourriture, le travail…
Le traumatisme compromet notre capacité à créer du lien et à nous engager avec les autres en remplaçant le besoin de connexion avec le besoin de sécurité.
Le trauma entraine une fragmentation de notre être et nous coupe de certaines parties de nous, c’est ce qu’on appelle des parties exilées. On est alors dans un état de clivage ou de dissociation (altération de notre conscience) qui ne nous permet pas d’appréhender tous les aspects de la réalité ou de les faire coexister de manière harmonieuse (soit à l’intérieur de soi, soit par rapport à l’extérieur).
Ceci est un mécanisme de protection et de survie qui nous a permis de continuer à vivre à proximité du danger lorsqu’on n’a pas pu fuir le danger mais qui nous empêche aujourd’hui de vivre pleinement notre vie.
Notre cerveau ne fait pas la différence entre passé et présent lorsque nous nous replongeons dans le traumatisme ou lorsque nous vivons une situation qui fait écho au traumatisme.
Le traumatisme ne se ramène donc pas à l’histoire d’un événement passé, on le vit comme un fait réel et présent, les émotions qui sont imprimées quand il a frappé sont vécues non comme des souvenirs mais comme des sensations perturbatrices dans le présent.
La résilience est la reprise du développement le mieux possible après un traumatisme (se remettre à vivre)
Beaucoup de personnes sont dans une sorte de déni par rapport à leur(s) traumatisme(s) et refusent de l’aborder ou essayent de le transcender sans le traverser (ça devient alors un contournement spirituel).
Mais dans ces cas-là, les traumas restent des ombres non guéries et viennent nous parler à travers des maladies, des accidents…
Avec tout ce que je vis actuellement, je me rends encore plus compte de l’importance de sortir de ce déni. C’est l’étape première et primordiale pour guérir le traumatisme !
Mais je me rends aussi compte combien cette étape peut être difficile et demande du courage ! Il n’est pas aisé de naviguer dans ses ombres et ce voyage en profondeur peut révéler des éléments inattendus et douloureux dans un premier temps. Mais quoi de plus important que de ramener à la conscience des choses qui nous hantent et régissent nos comportements de manière inconsciente depuis des années ? Quoi de plus important que de regarder ses traumatismes en face pour avancer et vivre mieux ?
Ce qui est sûr c’est qu’on ne peut pas mettre les événements traumatiques derrière soi tant qu’on ne peut pas reconnaitre ce que l’on a subi et les démons invisibles contre lesquels on lutte.
Il existe des thérapies innovantes qui permettent de rétablir notre sécurité et la régulation de notre système nerveux pour réagir de manière adéquate aux événements de notre vie.
Ces thérapies s’appuient sur plusieurs éléments :
Les systèmes nerveux communiquent entre eux. Nous reflétons l’état de ceux qui nous entourent. C’est ce qu’on appelle la co-régulation.
La meilleure façon de rétablir un système nerveux sain est de nous relier à des personnes qui sont en sécurité. C’est le cas, par exemple, dans la relation thérapeutique avec un professionnel.
L’intéroception c’est la conscience de ses états intracorporels / la capacité à ressentir et à se représenter les signaux provenant de son corps (faim, douleur, émotions, position dans l’espace…).
Savoir ce qu’on ressent est le premier pas pour savoir pourquoi on éprouve telle impression et pour se réguler.
De plus, je dois m’occuper d’abord de moi et être accordé à mon état du moment (de quoi a besoin mon système nerveux ?) avant de pouvoir être en relation avec les autres systèmes nerveux (de quoi a besoin l’autre ?)
Il est donc important d’apprendre à garder son calme face à des images, des pensées, des sons ou des sensations qui nous rappellent le passé et d’observer sans jugement ce qu’on éprouve.
Il est aussi primordial d’arriver à être pleinement vivant dans le présent et investi dans ses rapports avec son entourage.
Cela permet ensuite de revisiter le passé sans risque
Il est important de raconter l’histoire car sans histoire le souvenir se fige.
Mais comprendre le traumatisme ne suffit pas car cela ne supprime pas les émotions, sensations et pensées qui y sont liées. Il est donc important de le retransplanter dans le passé et le remettre en mouvement.
Comme mentionné précédemment, le traumatisme est vécu comme un fait réel et présent et entraine des sensations perturbatrices dans le présent. Pour reprendre le contrôle de son moi, il faut revenir sur le trauma et s’y confronter quand on se sent assez en sécurité (pour ne pas s’exposer à un nouveau choc).
On pourra ainsi regarder et observer les images, les sensations, les émotions liées à cet événement et les faire évoluer.
Il existe un grand nombre d’outils et de pratiques qui permettent de revisiter les événements, de modifier les sensations et émotions qui y sont liées, de favoriser l’intéroception, de changer notre état et de réguler notre système nerveux.
A titre d’exemples : la méditation, le yoga, la danse, la respiration, l’EMDR, l’ICV, l’IFS, l’AIT, l’art thérapie…
Vous pouvez aussi lire l’article “le pouvoir de la musique, un chemin de résilience”
PRATIQUE 1
PRATIQUE 2
Avec authenticité.
Pauline
Un chemin en Soi – Cabinet de psychothérapie
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